
Psyrène 2015… Présentation de Jean-Arthur Micoulaud Franchi
Neurofeedback et performance
une histoire de haut potentiel
Avertissement : dans cette série d’articles sur le congrès PSYRENE 2015 qui s’est tenu à Lyon les 3 et 4 Juillet 2015, toute la difficulté de la Fille sera de vous faire partager au mieux les conférences de haut vol auxquelles elle a assisté.. sans pour autant vous dévoiler tout le travail de ces médecins ou chercheurs.. qui referont peut-être ou sûrement d’autres conférences sur le même sujet. En espérant respecter les auteurs tout en satisfaisant la curiosité des lecteurs…
Jean-Arthur Micoulaud Franchi est docteur en médecine, docteur en sciences, psychiatre, neurophysiologiste et médecin du sommeil. Ancien chef de clinique-assistant, dans l’Unité de Neurophysiologie, Psychophysiologie et Neurophénoménologie (UNPN) du Pôle de Psychiatrie universitaire, à l’hopital Sainte-Marguerite à Marseille, il est aujourd’hui assistant hospitalo-universitaire, Services d’explorations fonctionnelles du système nerveux de la clinique du sommeil, CHU de Bordeaux.
Comme le jeune et brillant psychiatre a partagé sa présentation sur le Net, et que la Fille l’a trouvée en recherchant quelques informations complémentaires sur le sujet, elle se permet de la partager ici (depuis le site d’origine!)
Ben oui.. 90 slides ce n’est pas rien! Mais il faut dire que le conférencier est passionnant.
Si la présentation s’articule simplement, la Fille n’est pas certaine du tout de vous la retranscrire dans son exactitude (et flippe un peu sa race que l’auteur tombe dessus en disant qu’elle n’a absolument rien compris) :
- une histoire du NF
- un principe
- un niveau de preuve
- des guides de bonnes pratiques
Comme le thème du congrès était celui des performances & des compétences, voici la distinction apportée par JAMF (ok, c’est un peu familier comme appellation, mais la Zébrette ne pourra plus se plaindre de la longueur du sien!)
- les Performances sont virtuelles, potentielles et cérébrales
- les Compétences sont réelles, concrètes et cognitives
Côté historique, les Brain Computer Interface ont été développées pour aider les personnes handicapées.. à mouvoir un bras « bionique » par exemple… ou pour les spectateurs assidus de Docteur House, à bouger un curseur sur un écran afin de communiquer.
Le Neurofeedback (la Fille étant un peu flemmarde ce soir, elle écrira NF.. et soyez gentil de ne pas lire Norme Française), c’est presque la même chose 🙂 Sauf que le but n’est pas de commander un appareillage qui aide l’humain, le but est d’augmenter ses performances cognitives. Ou comment l’information modifie le comportement.
La Fille vous laissera découvrir l’histoire du NF qui connait des hauts et des bas… mais qui est de nouveau crédibilisé par les progrès de la technique (IMRf, MEG, …. Bon la Fille n’a pas été insensible au premier instrument permettant le NF….. le miroir 🙂
En quoi le NF agit ou se démontre ? (vous excuserez le faible niveau de connaissance de la Fille qui espère juste vous donner envie d’en savoir plus..).
Si on prend un EEG.. on voit/sait/démontre (au choix du lecteur et de son niveau en interprétation des EEG), que si on ferme les yeux, le cerveau génère des ondes alpha. Si on ouvre les yeux, ces ondes disparaissent (indépendamment du sommeil bien sûr).
Avec les yeux fermés et en gardant une attention sélective, le sujet peut faire disparaitre ces ondes alpha.. il agit donc sur son EEG. Dans le même ordre d’idée, il peut réussir à provoquer des ondes alpha en ayant les yeux ouverts.
D’un point de vue pratique, des expériences ont été faites avec des chats. Certains chats avaient eu un entrainement au NF. On a injecté à une population de chats entrainés et non entrainés un médicament provoquant les crises d’épilepsie. L’expérience montre que ces crises surviennent beaucoup plus tard chez les chats entrainés au NF.
L’effet de l’apprentissage se voit car les courbes augmentent. Ces traitements ont montré leur efficacité dans les soins de l’épilepsie et du TDAH. Même si, en bon scientifique, JAMF nous amènera son éclairage critique.
Par exemple
Les recommandations pour le trouble déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) préconisent une prise en charge combinée associant traitement pharmacologique par méthylphénidate, thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et guidance parentale. Bien que le méthylphénidate reste le médicament le plus efficace, le taux de réponses partielles reste relativement important et il existe encore des réticences à l’encontre de ce traitement pharmacologique. Il est donc intéressant d’envisager de nouvelles thérapeutiques non pharmacologiques fondées, comme la TCC, sur les capacités d’apprentissage personnelles de l’enfant à réguler son comportement. Le neurofeedback est intéressant dans la mesure où il permettrait à l’enfant de contrôler certains paramètres de son activité cérébrale afin d’améliorer la régulation de son comportement dans la vie de tous les jours. Les premières études sur le neurofeedback dans le TDAH datent de près de 30 ans. Deux protocoles de neurofeedback ont été créés en fonction des anomalies EEG présents dans le TDAH. Dans le premier, il est proposé la modulation d’un rythme EEG : soit l’augmentation du rythme bêta, soit la diminution du rythme thêta. Dans le deuxième, il s’agit de l’augmentation d’un potentiel évoqué lent, ou SCP pour slow cortical potential. Dans ces deux protocoles, un feedback ludique de l’activité EEG est donné à l’enfant en temps réel et un renforcement positif est assuré quand il modifie le paramètre EEG dans le sens désiré. Les preuves d’efficacité du neurofeedback restent controversées. Mais contrairement à d’autres troubles mentaux, de nombreuses études ont analysé l’effet du neurofeedback sur les symptômes du TDAH. Nous proposons donc d’analyser ces données de la littérature et, en particulier, les études récentes. Une méta-analyse et des études contrôlées randomisées semblent confirmer l’efficacité et permettent d’envisager la place possible du neurofeedback dans des prises en charge combinées du TDAH. Mais la spécificité d’action cérébrale de ce traitement, censé permettre l’autorégulation du comportement de l’enfant par la régulation de son activité cérébrale, reste problématique. Nous proposons donc des pistes à la fois méthodologiques et neurophysiologiques pour des recherches futures sur cette thérapeutique impliquant le sujet et l’électrophysiologie en psychiatrie.
Mais voyons comment cela peut se comprendre au quotidien. Le cerveau « enregistre mieux » quand il a un « retour » d’information. Par exemple, la signalisation de droite fonctionne beaucoup mieux que celle de gauche.
Et si on applique cela de manière générale..
Tout le problème est de trouver le bon paramètre neurophysiologique sur lequel agir (et de trouver les moyens objectifs de valider les effets). Dans le cas du TDAH, il y a trop d’ondes Theta et pas assez d’ondes Beta.
La Fille vous laisse découvrir dans le diaporama les différents effets sur la créativité et l’exemple de Edison…
La démarche scientifique de JAMF lui permet d’étudier les niveaux de preuves. et plus particulièrement dans le cadre du NF appliqué au TDAH.
En France, son équipe marseillaise a fait la première synthèse en langue française sur ce sujet en 2011. La question des preuves dʼefficacité se fait au travers de la littérature. Parmi les problèmes méthodologiques retrouvés, il note : la faible puissance statistique des études, lʼabsence dʼétudes randomisées en double aveugle (le choix du traitement étant souvent laissé à lʼappréhension des parents au moment du consentement) et le manque dʼétudes sur le maintien de lʼeffet dans le temps.
Le neurofeedback diminuerait de façon significative les symptômes du TDAH quʼau mieux chez 50 % des jeunes patients et ne peut être envisagé isolément comme traitement du TDAH mais comme une aide dans la prise en charge combinée telle quʼelle est actuellement recommandée associant traitement pharmacologique, thérapies et guidance parentale.
Enfin, JAMF et son équipe terminent sur une question récurrente de la littérature à savoir la spécificité de lʼeffet neurophysiologique dans le neurofeedback. En dehors de lʼeffet placebo, lʼefficacité modérée mais réelle de cette méthode décrite dans les articles est-elle liée au feedback neurologique proposé ? Ou sʼagit-il simplement de lʼeffet dʼune tâche attentionnelle de focalisation devenue plus attrayante par lʼeffet technologique des interfaces EEG et informatiques ? Pour cela, il faudrait des études véritablement en double aveugle. Celles-ci pourraient être envisagées en proposant de façon aléatoire un EEG réel ou fictif, ce qui nʼest pas sans poser des problèmes éthiques.
On peut ainsi conclure que le neurofeedback semble faire preuve dʼune certaine efficacité comme traitement des symptômes du TDAH mais que dʼautres études sont encore nécessaires pour pouvoir démontrer son effet spécifique.
JAMF propose des guides de bonnes pratiques. La Fille vous laisse découvrir cela dans le diaporama mais on pourrait le résumé par : Il faut faire attention à ce que la qualité des études contrôlées ne soit pas au détriment de la qualité de la pratique du neurofeedback. En fait la variable à contrôler est l’apprentissage. Et la question à se poser n’est pas « le NF est-il efficace? » mais « L’apprentissage avec le NF est-il plus efficace ? «
Il souligne aussi le rôle du thérapeute dans l’apprentissage.
Pour finir Jean-Arthur Micoulaud-Franchi propose un nouveau modèle d’intégration
Voilà.. la Fille espère vous avoir donner envie d’aller plus loin.
Si vous tapez « Jean-Arthur Micoulaud-Franchi » sur un moteur de recherche, vous découvrirez les abondants partages du chercheur et vous pourrez peaufiner vos connaissances.
Vous pouvez aussi lire le billet de mon amie Alexandra ou vous installer à l’ombre d’un parasol avec…