Les fins d’année sont toujours propices aux bilans. A moins que ce ne soit les débuts. Peu importe, cela faisait bien longtemps que je n’étais venue partager quelques nouvelles de la Zébrette.
Comment une jeune ado de 13 ans vit-elle une année en 1ereS dans un établissement (encore une fois) nouveau. Comment gère-t-elle le Sport-Études qu’elle a tant souhaité? Comment s’adapte-t-elle? Et que peut-on faire pour l’aider à aller (encore) mieux?
Ces questions m’accompagnent chaque jour.. et je n’ai pas tout le temps les réponses !
Pour le contexte, Gwendoline, 13 ans, est entrée en 1ereS dans un lycée agricole privé. Il est situé à 20 km de chez nous… sans transport scolaire. Elle a intégré une section sport-études Équitation (6 heures/semaine) à laquelle elle a ajouté 3h d’ostéopathie équine. Et comme elle s’est donnée comme objectif de participer aux championnats de France cet été, elle enchaine les concours de CSO le week-end.
Au bout d’un trimestre, il faut reconnaitre que le rythme est un peu lourd. Les journées sont très longues (j’ai du mal à quitter le bureau à 18h, et je la récupère plus près des 19h30 que des 19h00) et elle n’arrive pas à travailler efficacement au lycée. Le week-end est court. Autant en temps disponible pour les devoirs qu’en repos possible. Avec les concours les dimanches ressemblent plus à des marathons qu’à des journée de repos. Mais voyons-y un avantage.. Je n’entends plus le mot « ennui ». Enfin si, parfois, mais il ressemble alors à l’ennui de tous les jeunes qui ne trouvent pas plaisir systématique à tous les cours ou tous les profs. Rien que de très normal.
Équitation. L’année avait commencé maussadement. Elle avait décidé qu’elle était dans le groupe de nulles et qu’en plus elle n’apprenait pas grand chose par rapport à son ancien club. Il y avait bien les concours qui étaient une nouveauté. Elle a remporté tous ses challenges ou du moins a marqué le maximum de points possibles. Sur le classement « Challenge 13 » elle réussit l’exploit (exploit car elle est novice en concours, face à des cavaliers qui pratiquent la discipline depuis des années) de se classer en cette fin d’année première en CSO et première en dressage (dans sa catégorie Poney2D). Elle prend confiance en elle. Les crises de panique des nuits du samedi ont peu a peu cédé. C’était nouveau ça aussi. Elle est depuis toujours une grande angoissée, mais n’avait jamais fait de crise de panique. Même si la fédération a eu la (mauvaise) idée de changer son règlement en cours d’année (il ne sera définitif que le mois prochain), il semble qu’il sera beaucoup plus difficile de se qualifier pour les Championnats. Il faudra cumuler deux fois plus de points qu’avant. Gwen est celle de son club le plus près d’avoir tous les points alors que le trimestre n’est pas terminé. Ça pourrait être la super nouvelle du moment, car elle ne vit que pour cette participation aux Championnats. Il ne lui manque que 30 points, soit quasi rien (1 premier quart et 1 deuxième quart). La mauvaise nouvelle… c’est que le club ne participera pas aux Championnats Poney. Il faut donc qu’elle se qualifie en Club (pour vous donner une idée, en Poney2 elle saute 80cm, en Club2 c’est 85cm). Cela ne fait pas une grosse différence. Sauf qu’elle doit recommencer à accumuler ses points .. depuis zéro! Sachant qu’en hiver il y a peu de concours, la pression n’est pas prête de retomber. Il faut qu’elle soit qualifiée en mars/avril et on doit de toute manière s’engager financièrement en Janvier. La bonne nouvelle (si , si .. il y a toujours des bonnes nouvelles si on cherche bien) c’est qu’elle change de groupe (et donc va dans celui des bons à ses yeux, avec un entraineur très exigent). Elle est ravie. On comptera deux grosses chutes à l’entrainement (au galop) dont la dernière date de cette semaine. Elle a un cours pour les Championnats la semaine prochaine et ne veut surtout pas le rater.

Scolaire. Le début de l’année a été un peu plus difficile que les autres fois. Le rythme, les devoirs toujours plus nombreux et le temps toujours plus limité. Mais elle a trouvé son organisation et son rythme. Elle s’est alignée sur les attendus des professeurs et a eu les « super-félicitations » du conseil de classe. Elle est en tête de classe dans toutes les matières. Après, je me pose toujours la question de l’œuf et de la poule… est-ce le niveau de la classe qui est bas ou celui des enseignements ? Ils ne sont pas très nombreux en classe (9), il y a une grande proportion de redoublants (4) et si il y a une très bonne ambiance dans la classe, elle n’est pas toujours au travail. Je pense que les cartons du début d’année ont découragé beaucoup d’entre eux. Et il faut avouer que si on veut faire sérieusement les devoirs et les concours équestres, et bien … il n’y a plus de temps pour quoique ce soit d’autre. Après, en tout cas en biologie et agronomie le niveau des cours est .. bien bien haut. Dans les autres matières je ne sais pas dire. Le PAP a été renouvelé et la demande des aménagements au bac a été faite (elle utilise la tablette en classe). Mais j’ai de grosses inquiétudes sur le fait qu’ils soient accordés. Il est bien difficile de faire comprendre qu’avec 3 ans d’avance et première de sa classe on a besoin d’aménagements. Cependant, sans eux, je m’inquiète beaucoup pour le bac de français. Et il est essentiel pour ParcourSup. Étrangement, c’est plus important qu’elle réussisse le bac de français que les autres matières. Alors, si vous avez des bonnes ondes.. on prend… Le 2e trimestre a très bien commencé mais elle attend impatiemment les résultats de son bac blanc de français. Le point difficile reste le TPE. Du travail de groupe… ce n’est pas sa tasse de thé. Et elles ont choisi un format.. particulier… J’espère que ça collera aux attendus et surtout qu’elles arriveront à le mettre en place. Pour le moment elles dépendent du bon vouloir d’une école primaire et le temps presse.. Une des 3 filles du groupe a quitté l’établissement très subitement (à une récréation pour tout dire, sans que la plupart de ses camarades ne soient prévenus). Elle continuera le TPE avec elles, mais à distance… Ça ne va pas trop aider tout ça 🙂

Intégration. Elle avait la ferme intention de ne pas ébruiter son avance scolaire. Physiquement ça ne se voit pas vraiment. Mais elle n’avait pas fini de monter les escaliers pour aller à son premier cours qu’une des élèves a lancé « c’est qui la meuf qui a 3 ans d’avance ». Il ne faut pas se leurrer, ce genre de nouvelle est difficile à garder pour soi. Comme chaque année, l’intégration est difficile. Et comme chaque année, je le constate sur son moral, sur son ressenti, mais pas de visu. Cette année, avec les concours CSO, je vois régulièrement ses copines de classe (une bonne partie en tout cas) et parfois leurs parents. Et j’ai pu voir comment elles se sont jetées sur Zébrette pour la féliciter quand elle a gagné le concours de dressage, comment elles l’aidaient (pas plus mais pas moins que les autres) à préparer son cheval, quand elles venaient aux nouvelles des résultats ou qu’elles venaient la regarder et l’encourager quand c’était son passage en piste. Malgré cela je ne mets pas en doute le ressenti de mon ado. Ses réactions sont toujours extrêmes et elle peut ressentir un manque d’intérêt comme un franc rejet. Maintenant, je la crois quand elle décrit qu’elle a du mal à s’insérer dans un groupe, qu’elle fait beaucoup d’efforts mais que si on ne la rejette pas on ne l’inclut pas non plus. Elle a aussi un désavantage, c’est la seule fille non interne. Avec le temps, j’ai l’impression que cela va tout de même mieux. Quand je rentre trop tard, elle est « invitée » dans les chambres des internes. Et l’une de ses copines l’avait invitée chez elle à Nice pour un concours qui a finalement été annulé pour cause de Gilets Jaunes. Il n’en reste pas moins qu’elle réclame de plus en plus souvent d’aller voir un psychiatre pour confirmer ou infirmer un Asperger. Elle me dit qu’elle n’est jamais elle-même et qu’elle agit tout le temps en fonction de ce que les autres attendent pour pouvoir être intégrée. C’est une affaire à suivre. Une prochaine étape sera, en Mars, le voyage à Londres. Elle ne voulait pas le faire tant elle ne se sentait pas bien au milieu des autres. Elle n’a pas eu le choix. Mais je pense que ça va le faire à présent. Les petits groupes… ce n’est pas toujours simple…

Adolescence. Parfois, je me dis que mon ado n’en est pas encore une, et je ne m’en plains pas. Toujours aussi serviable, proche, câline. J’entendais un papa d’ado HP dire que son ainée n’avait jamais fait de crise d’adolescence. J’espère que Zébrette suivra le même chemin car c’est tellement agréable. Je veux profiter de chaque moment car je les sais comptés. Le temps file. Et Noël prochain risque d’avoir une saveur de « dernier Noël » de notre vie d’avant. C’est assez flippant mais il y a une bonne façon de régler ça… Ne pas y penser et faire l’autruche! Je fais très bien l’autruche quand je veux! Le rythme est compliqué pour moi aussi. Je fais 3 heures de route par jour et j’ai toujours la pression de ne pas la laisser sur le campus. Nous rentrons tard et elle n’arrive pas à faire ses devoirs au lycée. Mais j’adore notre temps « côte à côte » en voiture, le matin et le soir. J’adore la suivre dans ses concours (de toute manière j’ai tellement peur qu’elle se fasse mal que je ne pourrais pas être ailleurs). J’adore ces moments partagés et complices. Je les vis à fond et les transforme en souvenirs. Moi qui ne suis pas du tout méditation , même de pleine conscience, je dois en faire sans le savoir. En profitant pleinement de chaque éclat de vie, de chaque discussion tardive, de chaque regard complice, de chaque étreinte, de chaque Good Doctor regardé ensemble…. Comme le disait Renaud depuis longtemps, ma fille, je suis morgane de toi!
Bonjour,
J’ai trouvé votre site par hasard, en cherchant un autre site sur les zèbres. (Merci pour le lien vers le film de l’albatros, très beau film et géniale analogie)
Je me permets de vous mettre un petit mot en ce qui concerne le cursus « rêvé » de Zébrette, issu de mon expérience perso : si la prépa bio est la voie « royale » vers le concours des écoles véto, la concurrence et le stress peuvent être très rudes. Il existe deux voies différentes pour accéder aux écoles véto, un concours après 2 ans de fac et la prépa Post-BTS. Je suis passée par la voie Post-BTS, et cela m’a permis d’accéder à l’école que je voulais, ce qui n’étais pas gagné loin de là par une prépa classique (le stress induit par les profs + les rayures… hmm) ça consiste à faire un BTS agricole et compléter par une année de prépa post-BTS en lycée agricole.
Voilà; au cas où ça peut être utile !! En tout cas cela m’a réussi, donc je tiens à partager lorsque je le peux.
(Et en ce qui concerne l’intégration : ne pas hésiter à considérer que c’est dû en partie à l’ambiance qui règne dans le milieu de l’équitation… Pour ma part, j’avais commencé le poney à 4 ans et n’avais jamais voulu arrêter, même alors que j’avais les crises de larmes régulières, mais lorsque j’ai découvert le monde de la voile à 13 ans j’ai aussi découvert un monde dans lequel je pouvais m’intégrer… Moins féminin, plus ouvert… Depuis ça va beaucoup mieux. Bon j’ai grandi, aussi, ça aide
Gaëlle
Merci Gaëlle.
Je connaissais cette voie qui de mémoire a un meilleur ratio d’acceptation en veto, même si les places sont encore plus comptées.
On va regarder cela aussi l’an prochain…
Le « souci » sera qu’il n’y en a pas près de chez nous… mais chaque pb en son temps 🙂
Ca peut aussi lui laisser un peu de temps..