Les ascenseurs émotionnels… vous connaissez? Très certainement si vous êtes HPI ou si vous avez des enfants HPI…
Ces émotions qu’elle vit retentissent sur nos modes d’éducation. Je n’ai jamais eu besoin de la punir car si elle sent que je suis contrariée par elle, elle est dans un état de tristesse et de larmes difficile à calmer. Rien que cela est une punition plus violente qu’une quelconque privation ou que des cris. C’est vrai encore aujourd’hui à 14 ans.
Mais il m’est toujours difficile de savoir ce qui fait partie de la normalité et ce qui s’en écarte.
Petite (3-4 ans) son comportement aux autres est déroutant.
- Elle vouvoie tous les adultes, y compris ses oncles, tantes, parrain, marraine…(sauf ses parents!)
- Elle va vers tous les inconnus dans la rue pour leur dire bonjour voire leur faire un bisou
- Mais pour les amis/adultes/familles qui nous rendent visite, elle refuse qu’on la touche. “Je dis bonjour mais mon corps m’appartient et j’ai le droit de ne pas faire de bisous” (3 ans). Je ne l’ai jamais forcée malgré la réprobation environnante. Alors qu’avec nous elle a toujours été et est encore très câline et tactile.
Le plus compliqué est de d’adapter ses réactions à la situation.
L’extrait suivant date de quand elle avait 10 ans. « Je suis désolée de réagir mal à propos. Pour moi ma réaction est normale. Mais je me rends bien compte que pour les autres ce n’est pas la bonne réaction… « . Elle n’a pas su exprimer le contentement qu’elle avait de recevoir une bricole pour se faire des chignons/tresses. « maman, tu sais j’ai du mal avec les émotions…« . Et puis à une de ses excuses « maman, je suis désolée. je ne sais pas comment dire que je suis contente alors je réagis mal…. je voulais dire merci mais je vois bien que ça t’a rendue triste… la prochaine fois.. » et moi lui coupant la parole en souriant.. « ben la prochaine fois, ne dis pas merci alors :-) ». « ah mais c’est interdit ça… je ne peux pas. On est obligé de dire merci.« . Sans parler du fait qu’elle était vraiment attristée, que c’était au moment de s’endormir, et qu’elle me demande sincèrement « je me suis assez excusée pour que tu me pardonnes ?« . C’e n‘était pas insolent ou ironique. Juste elle « ‘s’informait » pour savoir si l’attitude était juste.
Elle ne fait jamais de colère (exprimée) mais se renferme comme une huître et se coupe du monde quand ça ne va pas. Elle a 8 ans quand après une colère elle me raconteje notais tout sur un blog) (lire ici)
Tu sais Maman, c’est comme une porte. D’habitude elle est ouverte, et j’aime quand tu entres et qu’on se parle. On l’ouvre facilement. Mais quand je suis énervée, c’est comme si je la fermais à clé et que je n’avais plus la clé. Je n’accepte plus rien. Je ne veux plus qu’on ne me parle ni parler. Et je garde ma colère en moi, cadenassée. Alors tous les trucs que tu fais… Ça n’arrive pas à me faire sortir… pourtant ils sont utiles. Petit à petit, elle diminue ma colère. Pas assez pour que je sorte, mais elle diminue. Et ça me fait du bien de savoir que même enfermée en moi, tu es là et tu penses à moi et tu m’aimes. Tu sais, j’ai très peur de dire des choses méchantes que je ne pense pas pendant ces moments-là, et que ça blesse les gens. Toi, je sais que tu me comprends, alors ça ne te blessera pas (euh… ce n’est pas dit mais passons) mais les autres. Si je les blesse…Mais j’ai envie de dire des choses méchantes alors qu’elles sont fausses. Comme tout à l’heure j’ai failli te dire que tu n’étais pas belle alors que tu sais que c’est faux. J’entends tes paroles qui veulent être gentilles. J’ai envie de venir vers toi. Mais je ne peux pas. Parce que ce serait comme trahir une partie de moi. Tu comprends ? Alors je ne le fais pas. Parce que j’aurais peur de me trahir et de le payer toute ma vie. C’est comme s’il y avait une partie ange et une partie démon. Et trahir le démon ce n’est pas possible. Quand je cours dehors, ça me calme. C’est comme si le démon s’en allait de lui-même. Alors je ne le trahis pas, je ne me trahis pas. Oui je sais que tu ne me le propose pas de suite d’aller courir dehors et tu fais bien parce que je n’y arriverai pas quand je suis trop énervée, je refuse tout même ce qui est bon pour moi. Mais la prochaine fois (ah.. Y’en aura une ???) tu peux essayer de me le proposer au début. Peut-être que la partie ange l’entendra, parce que tu sais, même si je ne réponds pas, même si je refuse tout. Je sais que tu as raison, je t’entends même si la porte est fermée. Alors peut-être que j’accepterai, que je me rappellerai de ce soir et que du coup je me calmerai plus vite. Tu sais, je refuse les choses que tu me proposes, comme les câlins, le manège (un jeu que l’on fait au moment du coucher) j’en rêve de les faire. Mais je me le refuse. Alors même que je sais que je rate un truc super qui ne se représentera plus (faut pas pousser quand même…il est super mon jeu de manège. Surtout à mon âge et au poids de Gwendoline, mais il n’a rien d’extraordinaire et recommencera demain sûrement). Je sais que c’est idiot, que ce serait simple d’accepter, mais c’est plus fort que moi et ça me désole. Et tu sais maintenant, je n’arrive plus à penser comme quand je suis dans ma colère. Je n’y suis plus. Alors tout me semble normal. Et je ne comprends plus ce qui fait que je veux rester avec la porte fermée. La prochaine fois (encore !!!) j’essaierai de m’en souvenir pour te raconter.
En Septembre, veille de rentrée en 1ère dans un nouveau lycée.. il est 23h30. Les larmes et sanglots ne cessent depuis 15 minutes sans pouvoir parler. Accueillir, câliner et attendre. Angoisses de la rentrée, agacement de n’avoir pas réussi ses essais de coiffure pour ladite rentrée, et goutte d’eau d’une blague qu’elle a mal prise…Recouchée vers 1h du matin. Ce que j’ai appris : Elle a passé du temps à peser le pour et contre de savoir si elle avait raison de s’être vexée (je lui avais dit plus tôt dans la soirée que si elle vannait gentiment les autres elle devait accepter parfois la pareille). Elle a bataillé avec son conflit intérieur… Venir me voir pour du réconfort versus satisfaire son ego et rester seule. Elle m’a demandé de lui expliquer quand elle vannait les autres parce qu’elle ne s’en rendait pas compte.
Vivre les émotions à 200%, c’est aussi s’exposer à ce qui fut pour nous une nouveauté 2019.. Les crises d’angoisses. Au lycée… qu’elle gère seule en s’enfermant dans les WC. A la maison, qu’elle gère avec moi.
Crises aussi impressionnantes par leurs sanglots inextinguibles et les tremblements nous laissant impuissants que par la précision et justesse de l’analyse qu’elle en fait.
Les émotions, c’est clairement quelque chose qu’elle ne sait pas doser ou adapter 🙂
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