La lumière du soleil couchant.
Il est bientôt 20 heures et j’arrive au club équestre pour retrouver l’Ado qui termine sa deuxième séance hebdomadaire d’équitation.
Je la trouve dans les écuries à ranger ses affaires. Tout comme les autres élèves du Sport-Etudes.
Je les connais bien. Nous nous retrouvons les dimanches lors de concours et nous avons, pour la plupart d’entre eux, partagé la fabuleuse expérience des Championnats de France cet été.
Les cavalier(e)s s’arrêtent me faire la bise quand ils passent devant moi et l’une me lance : « L’Ado est tombée deux fois aujourd’hui ».
J’étais un peu surprise (j’avais vu son gilet airbag qui semblait intact) quand l’Ado répond en riant « mais non… mais bon c’était pas terrible ».
La cavalière qui lui lance « Arrête! tu as super bien monté! » et un autre qui arrive en la menaçant de je ne sais quel sévice (de mémoire la rouler dans l’urine équine) si elle persistait à se dénigrer car elle avait fait une super reprise.
Le tout dans une bonne humeur générale.
Je sens l’Ado détendue. Je le lui ferai remarquer un peu plus tard.
L’an dernier, elle voulait arrêter l’équitation tant ces reprises étaient source de stress. Mais, là, je vois le plaisir qu’elle prend à monter, à partager.

Nous avons une bonne demi-heure de route avant de regagner nos pénates. Une belle occasion pour discuter, de nos journées, de tout et de rien et d’en apprendre un peu sur sa vie loin de nous
L’Ado partage ses repas et ses temps libres avec ses copines. Elles sortent parfois le midi pour aller au parc ou au Mac Do. Elles travaillent un peu, papotent beaucoup… comme tous les ados…
C’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup!
Il y a quelques mois encore, je m’inquiétais qu’elle ne puisse prendre de plaisir à rien tant son anxiété lui gâchait la vie.
Un cours, une interro, un concours, une fête organisée… Rien ne se passait sans une boule au ventre voire plus.
L’événement le plus attendu et seulement festif provoquait lui aussi des angoisses qui paraissaient insurmontables.
Ce matin j’ai entendu la réflexion surréaliste ‘ l’interro de maths ça va c’est pas ça qui a fait va me stresser’.
Mais dans quel univers parallèle suis-je téléportée sans m’en rendre compte ?
L’an dernier encore elle n’était sur aucune photo de groupe…

C’est certain, l’Ado a trouvé un équilibre en ce moment. Avec des réussites équestres, scolaires et surtout sociales….
Alors la perfection n’étant pas de ce monde, il reste un point majeur dans le cadre du lycée, qui impacte sa sensibilité et qui active mes circuits de vigilance. Mais elle est victime collatérale (avec d’autres de ses camarades) d’une situation complexe à laquelle elle ne peut rien.
Mais ce soir, c’est le sourire de l’Ado que je veux garder en mémoire avant d’aller allumer mes rêves.

Nous en aurons attendu des années pour la sentir aussi à l’aise, heureuse, accomplie au sein de l’école ou de ses cercles d’amis.
La coïncidence (?) rapproche le début de ce changement de son diagnostic Asperger. Elle m’avait assuré que les démarches lui feraient du bien… c’est encore plus éclatant que lors du bilan HPI.
Nul ne sait de quoi demain sera fait… Mais ce soir, il est fait d’étoiles dans nos cœurs.
Je suis contente, ça fait vraiment plaisir de lire ça, de voir qu’elle se sent bien et que vous êtes toutes les deux rassurées et détendues. Je vous souhaite que ça continue comme ça le plus possible.